La position de l’oeuf en cours d’incubation n’est pas anodine. De même, un défaut de retournement des oeufs — fréquence, angle et régularité — peut induire une baisse des éclosions.
La position de l’oeuf en cours d’incubation
Dans l’incubateur, il y a 2 positions recommandées pour l’oeuf:
- dans une grille alvéolée avec la pointe en bas
- couché sur une grille, libre de bouger, comme dans un nid. Dans ce cas, l’oeuf termine l’incubation légèrement incliné avec la pointe plus basse que son bout arrondi.
Ces 2 positions permettront à l’embryon de bien se placer pour arriver à éclore. Afin d’augmenter ses chances d’éclosion, il faut qu’il oriente son bec vers la chambre à air de l’oeuf pour arriver à percer la poche d’air.
Dans l’éclosoir, l’oeuf sera couché et libre de bouger, comme dans un nid. Comme l’oeuf va s’incliner spontanément avec la pointe vers le bas et la poche d’air vers le haut, l’embryon va pouvoir bien se placer dans l’oeuf, car il « sait » que la poche d’air se trouve vers le haut et il y placera son bec. Il est prêt pour le brêchage interne.
Le retournement des oeufs en cours d’incubation
Le retournement des oeufs tente d’imiter la femelle qui se lève du nid et bouge ses oeufs régulièrement. Comme l’animal n’a pas de chronomètre, le retournement des oeufs se fait à une fréquence et selon un angle tout à fait aléatoire.
Quelle fréquence?
Les études scientifiques ont surtout concerné l’oeuf de poule. Elles conseillent au moins 3 retournements de 180° par jour (oeufs placés horizontalement), en cas de retournement manuel. Les machines pourvues d’un retournement automatique seront de préférence réglées sur un mouvement de 90° toutes les heures au moins (oeufs placés verticalement dans des alvéoles). Par ailleurs, retourner les oeufs de poule plus fréquemment encore ne semble pas poser de problème; il vaut donc mieux tourner trop souvent que pas assez.
Les oeufs d’autres espèces, ayant proportionnellement plus d’albumen, se développent mieux avec un retournement plus fréquent:
- 3 retournements par heure pour les oiseaux de proie
- 3 à 5 retournements par heure pour les perroquets
Les oeufs des espèces nidifuges ne doivent pas être tournés la nuit. Aucune étude n’a été réalisée à ce sujet pour les espèces semi-nidicoles et nidicoles. On soupçonne toutefois que le retournement peut être moitié moins la nuit.
Si le système de retournement automatique de l’incubateur ne permet pas une fréquence aussi grande, il faut intercaler quelques retournement manuels en supplément.
Les éclosoirs n’ont pas de système de retournement car les oeufs ne doivent pas être retournés durant les derniers jours de l’incubation. L’embryon profite de ce temps de pause pour bien se positionner dans l’oeuf afin d’arriver à en sortir.
Les diverses solutions techniques
Le retournement manuel consiste à bouger les oeufs à la main, ce qui implique l’ouverture de l’incubateur; avec toutes les perturbations de température et d’humidité que cela implique.
Par contre, dans le retournement semi-automatique, une manette située à l’extérieur de l’appareil permet la rotation de tous les oeufs à l’intérieur.
Enfin, le retournement automatique consiste à faire rouler les oeufs ou à les incliner de 30 (au moins) à 45° (préférable) de part et d’autre de la verticale. Aucune étude n’a permis de préférer un retournement intermittent au retournement continu. Par contre, il est prouvé qu’il faut un mouvement de va et vient. Tourner les oeufs toujours dans le même sens endommage les membranes extra-embryonnaires; ce qui est hautement néfaste pour l’embryon.
La science peine à nous éclairer davantage à ce sujet tant il est difficile d’étudier ce que l’oiseau fait subir aux oeufs situés dans son nid. Il faut déjà un oeuf très grand pour pouvoir embarquer toute l’électronique nécessaire à de telles expériences scientifiques.
Conséquences d’un manque de retournement
Ne pas retourner les oeufs peut entraîner diverses conséquences:
- l’embryon reste collé à la membrane
- les vaisseaux sanguins ne se développent pas correctement
En ce qui concerne la volaille domestique, la période allant du jour 3 au jour 7 est particulièrement critique en ce qui concerne le retournement. Faute de retournement, le sang et les fluides circulent alors tellement mal à l’intérieur de l’oeuf que l’embryon grandit très lentement. L’embryon n’est pas capable d’utiliser correctement le stock d’albumen à sa disposition. A l’issue de la période d’incubation, il est tout simplement trop petit pour arriver à briser la coquille.
Donc, le manque de retournement augmente un peu la mortalité de l’embryon dans les premiers jours d’incubation. C’est pourtant dans les derniers jours d’incubation que la mortalité sera la plus forte. Lors de l’examen des oeufs non-éclos, on remarquera:
- un embryon assez petit
- qui n’a pas brêché, ni à l’intérieur, ni à l’extérieur
- l’oeuf contiendra encore beaucoup d’albumen (blanc) et celui-ci sera placé en-dessous de l’embryon (si l’albumen entoure l’embryon, c’est un problème de température).
Conséquences d’une mauvaise position de l’oeuf en cours d’incubation
Les mauvaises positions de l’embryon dans l’oeuf sont plus fréquentes quand les oeufs n’ont pas été suffisamment retournés. En particulier, la mauvaise position 5 — tête dans la partie pointue de l’oeuf — est fréquente si l’oeuf a été incubé la pointe en haut.