Les expressions ou proverbes avec les mots poule, poulet, oeufs se rencontrent couramment.
Les expressions avec poule
- A goupil (renard) n’advient pas tous les jours geline blanche: Versus de diversis materiis, manuscrit du XIVe s., Upsal, Bibl. de l’univ.
- avoir la chair de poule: frissonner de froid ou de peur, ce qui fait ressortir les bulbes des poils de la peau et fait ressembler la peau de l’homme à celle d’une poule plumée
- cage à poules
- C’est le fils de la poule blanche: la poule blanche désigne une personne extrêmement heureuse en toutes choses. Plus d’informations ci-dessous.
- C’est par son caquetage que la poule fait découvrir l’oeuf: proverbe italien concernant le bavardage
- coeur de poule: grande poltronnerie
- être comme une poule qui a trouvé un couteau: très embarassé, très étonné
- être une mère poule: être très maternante
- être une poule mouillée: être peureux, timide. Cela se dit d’une personne timide, faible, peureuse, incapable de montrer la moindre énergie, parce qu’une poule, lorsqu’elle a été surprise par la pluie, se tient à l’écart sans remuer, comme dans une espèce de honte et d’abattement. il en est de même de la plupart des oiseaux, car ils ne peuvent guère voler dès que les barbes de leurs pennes ont été mouillées.
- Il est avis au renard que chacun mange poules comme lui: on juge les autres d’après soi-même. Ch. Rozan, Les animaux dans les proverbes, 1902
- la bouche en cul de poule:
- avoir les lèvres avancées l’une contre l’autre, et arrondies par une légère contraction, ce qui leur donne la forme d’un croupion de poule
- Se dit en plaisantant, et non sans vulgarité, d’une personne maniérée qui prend maladroitement des attitudes altières et méprisantes
- La maison est à l’envers lorsque la poule chante aussi haut que le coq ou La poule ne doit point chanter devant le coq: une femme doit se taire devant son mari. Plus d’informations ci-dessous.
- La poule naît au village, on la mange à la ville: proverbe espagnol
- La poule pond là où elle voit un oeuf: agir par imitation. Proverbe allemand
- La poule qui chante le plus haut n’est pas celle qui pond le mieux: vantardise. Proverbe anglais. Th. Fuller, Gnomologia, 1732
- lait de poule: jaunes d’oeufs battus avec de l’eau chaude et du sucre en poudre
- Les poules pondent par le bec: les poules bien nourries sont de meilleures pondeuses. Ch. Cahier, Proverbes et Aphorismes, 1856.
- nid-de-poule
- Noire geline pond blanc oeuf: hérédité. Manuscrit du XIIIe siècle, sans titre, Paris, Sainte Geneviève
- plumer la poule sans la faire crier: exiger d’une manière adroite, sans éclat, des sommes dues ou non
- quand les poules auront des dents: se dit d’une chose dont la réalisation est impossible, qui ne risque pas d’arriver, jamais
Nous lirons l’Mystèr’ des Foules
De notre ami Paul Adam.
Quand les poules, poules, poules
Quand les poule’ auront des dents. - Qui nait poule aime à gratter. ou Née de geline, aime à gratter ou encore Qui est extrait de gelines, il ne peut qu’il ne gratte: cette expression, synonyme de Qui naquit chat court après les souris, indique l’hérédité. On a tendance à reproduire le comportement de ses parents, à suivre les penchants liés à son origine. On pourrait rapprocher ce proverbe du bien connu « tel père tel fils ».
- Qui veut avoir des oeufs doit supporter le caquetage des poules: avantages et inconvénients. Proverbe danois.
- se lever, se coucher comme les poules: très tôt, de très bonne heure
- tuer la poule aux oeufs d’or: détruire par avidité ou impatience la source d’un profit important, par allusion aux fables classiques (Esope, Babrius, La Fontaine) où l’on voit un avare tuer une poule qui pondait des oeufs d’or et la trouver semblable « à celles dont les oeufs ne lui rapportaient rien ».
- une poule n’y retrouverait pas ses poussins
Autres expressions
- La parole sème au vent, la plume trace le sillon: comparaison entre langages écrit et parlé. Proverbe anglais. J. Howell, Instructions for Foreign Travel, III, 1642
- les poulets: les policiers
- monter, se dresser sur ses ergots: prendre une attitude agressive, menaçante
- Ne comptez pas vos poussins avant qu’ils ne soient éclos: anticipation
- Porter, écrire, recevoir un poulet: porter, écrire, recevoir un billet doux. Voir informations détaillées ci-dessous.
- Poussin chante comme le coq lui apprend: éducation. Cy sunt li proverbe que dit li vilains, manuscrit du XIIIe s., Oxford, Rawlinson
- Quand Vénus gouverne, Mars règne parmi les poussins: marie et femme. Proverbe polonais
- rabattre le caquet: faire taire une personne bavarde et prétentieuse
C’est le fils de la poule blanche
Le sens de cette expression, reçue des Romains, est très bien développé dans les vers suivants extraits de la 3e Satire de Régnier:
« Du siècle les mignions, fils de la poule blanche,
Ils tiennent à leur gré la fortune en leur manche;
En crédit élevé, il dispose de tout,
Ils n’entreprennent rien qu’ils n’en viennent à bout. »
Quant à son origine, elle est fondée sur cette anecdote rapportée par Suétone dans le début de la vie de Galba.
Un jour que Livie, peu de temps après son mariage avec Auguste allait visiter sa maison de plaisance aux environs de Veies, un aigle laissa tomber, du haut des airs, sur son sein, une poule blanche vivante qui tenait en son bec un rameau de laurier: accident fort singulier que les augures regardèrent comme un présage merveilleux. Aussi l’heureuse poule fut-elle prise en affection par l’impératrice et révérée à Rome à l’égal des poulets sacrés. Dès lors elle n’eut plus à craindre les serres d’aucun oiseau ravisseur, et elle pondit tranquillement ses oeufs d’où l’on vit éclore une quantité de jolis poussins, qui furent élevés avec soin dans une belle ferme à laquelle on donna le nom de villa ad gallinas. C’est par allusion à ce sort que Juvénal a dit dans la Satire XIII:
« Penses-tu, homme amusant par ta simplicité,
Qu’on doive t’excepter de la loi commune,
Parce que tu es le fils de la poule blanche,
Et nous autres de vils poussins sortis d’oeufs malheureux! »
L’expression se trouvait déjà chez les Latins: albae gallinae filius.
« La poule ne doit pas chanter devant le coq. »
Ce proverbe se trouve textuellement dans la comédie Les femmes savantes de Molière:
…Mon congé cent fois me fût-il hoc,
La poule ne doit point chanter devant le coq.
On retrouve la même idée dans Contes et Discours d’Eutrapel, Noël du Fail, XXXII, 1585.
En fait, il est antérieur à cette date, comme le prouvent ces deux vers de Jean de Meung:
« c’est chose qui moult me desplaist,
Quand poule parle et coq se taïst. »
Quelques uns prétendent que ce proverbe signifie qu’une femme qui se trouve avec son mari, dans une société, ne doit pas prendre la parole avant que son mari ait parlé, car, disent-ils, le mot « devant » est ici une préposition de temps qui remplace « avant » comme dans cette phrase de Bossuet: « Les anciens historiens qui mettent l’origine de Carthage devant la ruine de Troie. »
Mais leur érudition gramaticale les a fourvoyés. Le véritable sens est qu’une femme doit se taire en présence de son mari. Un usage de l’ancienne civilité obligeait pendant longtemps les femmes à demander aux maris la permission de parler, quand elles avaient quelque chose à dire devant des étrangers; la preuve en est dans plusieurs passages de nos vieux auteurs, notamment dans la phrase suivante de L’Heptaméron des nouvelles de Marguerite de Valois:
« Parlamante qui était femme d’Hircan, laquelle n’était jamais oisive et mélancolique, ayant demandé à son mari congé (permission) de parler, dist: etc. »
Les gens de la campagne disent: Quand la poule veut chanter comme le coq, il faut lui couper la gorge. Ce qui exprime, au figuré, une menace peu sérieuse contre les femmes qui se mèlent de discourir et de décider à la manière des hommes, et, au propre, une observation d’histoires naturelles. Cette observation est que la poule cherche quelquefois à imiter le chant du coq, et que cela lui arrive surtout lorsqu’elle est devenue trop grasse et ne peut plus pondre, c’est-à-dire un temps où elle n’est plus bonne qu’à mettre au pot (à la casserole).
Le même proverbe existe chez les Persans, qui en font l’application aux femmes qui veulent cultiver la poésie.
Pour tout ce ne cessoient les vieilles marmoter et gronder; et lui, craignant que de main en main ne courût un mauvais vent sur lui, se retirant, leur dit: Dames, voulez-vous être aimées, chéries et caressées de vos maris, en faire comme des choux de vos jardins, les manier comme il vous plaira, et les retirer des vices et imperfections qu’ils pourroient avoir, et que plus vous craignez? de grâce, croyez-moi faites-leur bonne chère, bon visage et riant, ne leur déniez choses raisonnables; de laquelle raison vous n’entreprendrez connoissance ou d’un juger, ni entrer en disputes et contestations avec eux. Souciez-vous seulement de vos quenouilles et menu ménage, sinon que par eux vous fussiez appelées à d’autres charges: car si le contraire se fait, et que la poule chante aussi haut que le coq, ce sera un désordre perpétuel, vie malheureuse et où Dieu nullement habitera.
Porter, écrire, recevoir un poulet
Le père aura l’exploit, la fille le poulet.
Vous avez besoin qu’on vous trousse quelques poulets galants pour envoyer à la personne, et vous avez songé à moi.
Furetière nous dit que le terme de poulet, avec cette acception, vient de ce que les pointes rabattues du billet imitaient les ailes du poulet; et Molière semble partager l’opinion de Furetière, qui écrit dans l’Ecole des maris (II, III): « une lettre en poulet cachetée ».
Ajoutons que le mot poulet, qui désigne ordinairement un billet doux, peut, par extension, s’appliquer à un billet quelconque. Mme de Sévigné écrit irrévérencieusement: N’ai-je pas bien fait de vous envoyer le poulet apostolique du Saint-Père?
Sources
- Fail, Noël Du, Propos rustiques; Baliverneries; Contes et discours d’Eutrapel / par Noël Du Fail,…; édition annotée… par J.-Marie Guichard, C. Gosselin (Paris), 1842
- Juvénal, Satire XIII, trad. L. V. Raoul. Source: Remacle
- Marguerite d’Angoulême, L’heptameron des nouvelles: de très illustre et très excellente princesse Marguerite de Valois, royne de Navarre…, Benoist Preuost (Paris), 1559
- Quitard, Pierre-Marie, Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes et des locutions proverbiales de la langue française: en rapport avec des proverbes et des locutions proverbiales des autres langues par P.M. Quitard, Vve Levrault (Strasbourg), 1842
- Rat, Maurice, Dictionnaire des expressions et locutions traditionnelles, Larousse, 2014, 464 p.
- Richelet, Pierre, Dictionnaire françois: contenant les mots et les choses, plusieurs nouvelles remarques sur la langue françoise, ses expressions propres, figurées et burlesques, la prononciation des mots les plus difficiles, le genre des noms, le régime des verbes… par P. Richelet, J.-H. Widerhold (Genève), 1680
- Suétone, Vie des Douze Césars – Galba. Source: Remacle
Joannelle a écrit
Mon père me disait souvent : « Tu es comme la poule blanche tu as toujours mal à la patte ou à la hanche . »
Savez-vous de quel conte ou proverbe vient cette phrase ?